SONDAGES ET ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES : UNE INTÉRESSANTE RÉTROSPECTIVE (PART 2)

Nous l'avons vu, il est souvent plus facile (mais pas toujours) de pronostiquer quels seront les candidats en lice pour le second tour de la présidentielle que les scores des candidats en lice pour le premier tour.

Et plus on avance dans le temps, plus les candidats au premier tour sont nombreux, plus les incertitudes sont grandes.

En 2012, du côté de la droite, on ne se pose pas de questions : le candidat unique et indiscuté est Nicolas Sarkozy.

Mais du côté de la gauche, jusqu'au dernier moment, l'incertitude règnera :

- DSK est le candidat tout d'abord donné favori (et gagnant de la présidentielle de 2012). Sauf que DSK ne sera jamais candidat pour cause d'ennuis judiciaires.

- vient ensuite Martine Aubry, donnée grande favorite. Sauf que la primaire socialiste placera François Hollande en tête et que ce sera lui finalement le candidat de la gauche.

- finalement, François Hollande l'emporte de justesse face a` Nicolas Sarkozy.

En 2017, rien ne se passe comme prévu :

- ce n'est pas Alain Juppé qui est le candidat de la droite mais François Fillon qui remporte la primaire de la droite.

- puis François Hollande décide de ne pas se représenter. La gauche (le PS) choisit alors comme candidat Benoît Hamon.

- puis François Fillon, donné favori pour la présidentielle, se retrouve au sein d'une tourmente judiciaire qui l'affaiblit durant sa campagne.

- alors surgit un candidat qui n'avait aucune chance, Emmanuel Macron, et qui profite de la confusion ambiante pour s'installer dans le paysage politique en s'affirmant "ni de droite ni de gauche".

- tout ceci fait le jeu du Front National qui, finalement, se qualifie pour le second tour face a` Emmanuel Macron qui a profité indirectement des ennuis judiciaires de François Fillon.

- autre surprise : LFI fait un score 3 fois supérieur a` celui du PS.

- Emmanuel Macron est finalement élu au second tour en ayant appelé a` faire "barrage" au Front National.

Il n'est pas exagéré de dire qu'en 2017, personne n'avait rien vu venir !

Si en 2022 le second tour de l'élection présidentielle n'est pas franchement une surprise (un duel Emmanuel Macron-Marine Le Pen) et si la victoire d'Emmanuel Macron non plus (en 2022, on resservit le coup du "barrage au FN/RN" qui avait si bien marché en 2017), ce sont plus les résultats du premier tour que les sondages ont eu du mal a` prévoir :

- Xavier Bertrand se vit tout d'abord gratifié de scores allant jusqu'a` 14 %. Sauf qu'il ne fut pas le candidat de la droite.

- Eric Zemmour se voyait, lui, gratifié de scores tellement ébouriffants que certains le voyaient au second tour face a` Emmanuel Macron. On connaît la suite...

- personne n'avait vu venir le score minuscule de la candidate du PS.

- personne n'avait vu venir le score également faible de Valérie Pécresse (LR) qui n'obtint que 4,8 % des suffrages alors que certains sondages (que nous avions publié a` l'époque) la donnaient gagnante au second tour face a` Emmanuel Macron (52 % contre 48 %).

- quant au score de Jean-Luc Mélenchon au premier tour, il fut quasiment le double de celui pronostiqué.

Ce petit récapitulatif laisse une impression qui est aussi une constatation : lorsque les pronostics sont relativement faciles a` faire, les sondages voient juste. Lorsqu'il y a beaucoup de candidats ou des changements imprévus (candidats se désistant, changements de candidats), les pronostics concernant le premier tour de l'élection présidentielle sont beaucoup plus aléatoires.

Il y a aussi des candidats donnés gagnants qui perdent contre toute attente : Edouard Balladur en 1995 par exemple.

Cela dépend bien entendu aussi des instituts de sondages, certains voyant plus juste que d'autres ou plus souvent.